Ramsis Kilani
Ramsis est né en 1991 dans la ville ouvrière de Siegen, au nord-ouest de l’Allemagne.
Il est étudiant à l’Université de Siegen et travaille à l’obtention d’un Master en allemand et en anglais et d’un diplôme d’enseignant. Il vit avec sa partenaire dans un appartement étudiant à la périphérie de la ville près de la forêt.
Pendant son enfance, Ramsis a rapidement compris ce que signifiait être un Allemand-Palestinien en Allemagne, mais ne s’est jamais perçu comme différent de quelque façon que ce soit. Il affirme avoir toujours considéré le monde à travers le prisme de valeurs de gauche, écoutant son « instinct viscéral », participant depuis son jeune âge à des manifestations contre le racisme et l’injustice sociale. Mais ce n’est qu’après la mort de sa famille qu’il s’est plongé dans le militantisme et a développé sa vision critique de la situation en Palestine. Depuis la mort des membres de sa famille, il a profondément renoué avec ses racines palestiniennes, s’est rendu pour la première fois en Cisjordanie et prend régulièrement la parole lors d’événements politiques sur la Palestine et l’activisme et s’implique dans la vie politique et des campagnes bien au-delà de la question de la Palestine : il critique avec véhémence le racisme et le sexisme en Allemagne, affirme une position anticapitaliste et se présente comme un végan convaincu.
Ramsis a également entamé, par le biais du système judiciaire allemand, une longue et fatigante bataille contre l’État d’Israël – un processus lourd de frustration en vue d’obtenir justice et dont l’issue reste à déterminer.

Layla Kilani
Layla est née à Siegen en 1993. Au moment du tournage, elle étudiait les mathématiques et les études religieuses et avait obtenu son diplôme d’enseignante pour les personnes avec des besoins éducatifs spéciaux à l’Université de Siegen. Elle est végan et défend avec ferveur les droits des animaux. Elle vit dans la maison familiale de son enfance avec son chat Willy* et sa mère, une maison qui a été en partie construite par son père Ibrahim. (* Willy, le chat que son père Ibrahim avait ramené est malheureusement décédé en 2019.)
Comme son frère Ramsis, Layla n’a jamais prêté une attention particulière à son identité palestinienne. Ses souvenirs comprenaient principalement son sentiment de fierté quand son père cuisinait des falafels pour les autres enfants lors des événements scolaires ou lui racontait des histoires sur la beauté de sa patrie. De deux ans plus jeune que Ramsis, ses souvenirs d’enfance avec leur père sont beaucoup plus vagues.
Avant le divorce de leurs parents, Layla et Ramsis n’étaient pas les frères et sœurs les plus proches – « si vous nous laissiez seuls dans une pièce, l’un de nous deux risquait certainement de mourir », dit-elle à propos de sa petite enfance. Mais tout cela a changé après le départ d’Ibrahim pour la Palestine, et à nouveau, terriblement, après sa mort. Aujourd’hui, Layla et Ramsis sont aussi proches que peuvent être un frère et une sœur, se soutenant mutuellement à travers le deuil et le traumatisme ainsi que dans tous les aspects de leur vie quotidienne.
La mort terrible d’Ibrahim, de sa femme et de leurs enfants a amené Layla à voir ses racines et sa place dans la société allemande d’une manière différente et l’a confrontée aux injustices du monde. Elle s’est lancée dans un processus d’éveil politique et s’est reconnectée à ses racines palestiniennes en ayant la chance de visiter la Cisjordanie pour la première fois dans le cadre d’un échange d’étudiant.e.s entre son université allemande et une université palestinienne près de Ramallah. Ce voyage l’a amenée à seulement 80 km de sa famille dans la bande de Gaza, mais elle n’a pu leur rendre visite en raison du blocus en cours. De retour à Siegen, elle est devenue beaucoup plus consciente et fière de son identité palestinienne.

Saleh Kilani
Saleh est né en 1956 à Beit Lahiya, dans la bande de Gaza, où il a passé toute sa vie. Travailleur acharné depuis son enfance, il est très fier d’avoir pu aider tous ses enfants à poursuivre des études et que quatre d’entre eux aient pu déménager à l’étranger. Sa maison à Beit Lahiya est à seulement 6 km de la ligne de la frontière. Sur les collines, on peut voir le mur séparant Gaza d’Israël. Comme deux millions d’autres Palestinien.n.e.s dans la bande de Gaza, la famille Kilani essaie de continuer à vivre du mieux qu’elle peut, malgré le siège, les attaques israéliennes récurrentes et les traumatismes profonds, ainsi que les difficultés quotidiennes liées au siège et à l’occupation, comme n’avoir que quelques heures d’électricité par jour, les problèmes d’accès à l’eau potable et la situation économique désastreuse.
Étant l’aîné de six frères et sœurs, dont le père est décédé alors que les enfants étaient encore très jeunes, Saleh a toujours ressenti une responsabilité particulière envers sa famille. Lui et son frère Ibrahim, avec qui il partageait le même matelas quand ils étaient enfants, ont développé une relation étroite et se ressemblaient de façon frappante. Commençant à travailler très jeune en tant que travailleur qualifié, spécialisé dans la fabrication de cadres de fenêtres en aluminium, Saleh a fait tout ce qu’il pouvait pour soutenir le rêve d’Ibrahim d’étudier l’architecture à l’étranger en collectant et lui envoyant de l’argent pour son voyage et sa famille.
Saleh chérit les précieux souvenirs de son voyage en Allemagne, lorsqu’il a rendu visite à Ibrahim à Siegen et a pu passer du temps avec Ramsis et Layla, alors très jeunes. Après le retour d’Ibrahim à Gaza et son remariage, Saleh se souvient très bien de la manière dont la famille élargie passait beaucoup de temps ensemble, notamment lorsque tout le monde se rendait sur la petite parcelle de terre d’Ibrahim proche du bord de la mer et comment la famille savait célébrer les joies simples d’être ensemble. Des années après la tragédie, la famille est toujours aux prises avec le chagrin et ne sera plus jamais la même. Elles/ils peuvent à peine supporter d’aller dans l’appartement d’Ibrahim et sur ses terres, restés intacts.
Ayant été témoin de plusieurs attaques contre la bande de Gaza, ayant perdu son frère, sa belle-sœur et ses nièces et neveux, et vivant sous un siège inhumain depuis plus d’une décennie, Saleh considère le monde entier comme complice de l’occupation israélienne. Il se souvient toujours avec amertume de l’affection qu’avait son frère pour tout ce qui était allemand et dénonce le silence de l’Allemagne face au meurtre de ses proches qui avaient pourtant la citoyenneté allemande.
Bien que rien ne puisse remplacer Ibrahim, Taghreed et leurs enfants, Saleh trouve toujours un certain réconfort à savoir que Ramsis et Layla existent, souhaitant de tout son cœur pouvoir se réunir un jour avec eux – « si jamais je sors de Gaza, je me rendrai d’abord à Siegen pour vous voir, avant même de visiter mes propres enfants », leur dit-il.
