Synopsis
Né.e.s et élevé.e.s dans la petite ville ouvrière de Siegen dans l‘Ouest de Allemagne, Ramsis Kilani (26 ans) et sa soeur cadette Layla (24 ans) sont les principaux protagonistes du documentaire. Leur père, Ibrahim, est palestinien. Après avoir vécu et travaillé comme architecte en Allemagne pendant vingt ans, leur père Ibrahim est retourné dans la bande de Gaza après son divorce. À Gaza, il a repris son travail d’architecte, s‘est remarié avec Taghrid, avec qui il a eu cinq enfants – Reem, Sawsan, Yasser, Yassin et Elias. Lors de l‘offensive militaire israélienne de l‘été 2014 sur la bande de Gaza, Ibrahim, Taghrid et leur cinq enfants ont été tué.e.s par une frappe aérienne sur un immeuble dans lequel la famille s‘était réfugiée, en plein centre de la ville de Gaza. Bien qu’Ibrahim et quatre de ses enfants fussent tous des citoyens allemands, l’État allemand n’a à ce jour ni condamné l’attaque meurtrière, ni exprimé de condoléances officielles, ni entamé d‘enquête.
Ce dur réveil et le sentiment d‘injustice ont poussé Ramsis et Layla vers l’action et un processus de conscientisation politique. Layla voyage pour la première fois en Cisjordanie et se reconnecte à ses racines palestiniennes. Ramsis entame une tournée pour parler de sa famille tout en entamant des procédures judiciaires en Allemagne contre l‘État d‘Israël. Dans la bande de Gaza, nous suivons aussi le reste de la famille Kilani qui vit toujours avec le traumatisme de la tragédie, et particulièrement leur oncle Saleh qui vit avec l’espoir de serrer un jour Ramsis et Layla dans ses bras.
Oscillant entre l’Allemagne et la bande de Gaza, le passé et le présent, le film suit la volonté de la famille de se réunir et de maintenir des liens malgré le siège, de faire leur deuil et d’obtenir justice dans un contexte où cela ne va pas de soi.

Note d'intention d'Anne Paq et de Dror Dayan
« Sous Silence » est un projet très personnel et important pour nous. Nous sommes tous les deux profondément impliqué.e.s dans la situation en Palestine depuis des années – Anne à travers plus d’une décennie de travail de photographie et de défense des droits humains sur le terrain, et Dror, qui est né et a grandi dans le pays pendant 25 ans en tant que juif israélien, à travers ses films et son travail politique. Anne a également été le témoin direct des conséquences dévastatrices des offensives israéliennes de 2012 et de 2014 sur la bande de Gaza, ce qui a renforcé son engagement à exposer l’impact à long terme des attaques sur les communautés de Gaza. Nous sommes tous les deux également impliqué.e.s dans des campagnes de solidarité en Europe, ce qui est une autre raison pour laquelle ce film est si opportun et important pour nous, car nous sommes bien conscient.e.s de la façon dont la question de la Palestine est perçue en Occident. C’est précisément cette perception que nous visons à remettre en question avec le film – en présentant deux jeunes personnes, fièrement d’origine palestinienne et européenne, qui demandent à être reconnues comme telles ainsi que la reconnaissance du crime dont leur famille a été victime. Nous espérons ainsi porter l’injustice de la situation en Palestine aux yeux d’une large audience.
Nous voyons « Sous Silence » comme une continuation du web-documentaire primé « Familles Décimées », dans lequel nous étions tous les deux impliqué.e.s – Paq en tant que co-autrice et Dayan en tant que monteur vidéo. C’est par le biais de « Familles Décimées » que nous avons fait la connaissance de la famille Kilani, l’une des dix familles représentées dans le projet.
Nous voyons « Sous Silence » comme poursuivant la même tradition de sensibilisation du public à travers les médias, à travers des portraits intimes qui permettent aux personnes vraiment affectées d’avoir leur mot à dire sans médiation et de leur propre voix. Le fait que leur histoire a été largement ignorée par les médias fait également partie de la tragédie de la famille Kilani et c’est peut-être une petite partie de cette injustice que nous allons avec ce film être en mesure de corriger un peu.
Notre objectif n’a pas été pas de créer un film didactique, d’enseigner au public les faits sur le terrain ou de leur prêcher comment gérer l’injustice. C’est bien plus le contraire – nous avons souhaité créer un film profondément personnel et émouvant, permettant à l’audience d’avoir un aperçu de la situation intime d’une famille en deuil, physiquement séparée par l’occupation et privée de justice par des pouvoirs politiques beaucoup plus forts qu’eux. Nous espérons que notre film encouragera l’audience à réfléchir sur la situation en Palestine, ainsi que sur l’implication de leurs propres gouvernements dans la perpétuation des injustices, et à s’efforcer de la changer.